5 choses à éviter pour un team building

Le team building est devenu un élément central des stratégies de cohésion dans les entreprises modernes. Pourtant, malgré les meilleures intentions, de nombreuses organisations commettent des erreurs qui peuvent transformer ces moments censés être fédérateurs en expériences contre-productives. La réussite d'un événement de team building ne tient pas uniquement à la nature des activités proposées, mais également à leur adéquation avec la culture d'entreprise, la composition des équipes et les objectifs visés. Une activité mal choisie ou mal organisée peut creuser les fossés qu'elle était censée combler, générer des frustrations et ultimement nuire à la dynamique de groupe.

Concevoir un team building efficace nécessite une compréhension approfondie des mécanismes de groupe, de la psychologie organisationnelle et des facteurs culturels qui influencent les interactions professionnelles. Il s'agit d'un exercice d'équilibriste où l'inclusion, le respect des individualités et l'alignement avec les valeurs de l'entreprise doivent être soigneusement calibrés. Quels sont donc les écueils majeurs à éviter pour garantir que votre prochain événement de cohésion atteigne ses objectifs sans créer de dommages collatéraux?

Les activités stéréotypées qui nuisent à la cohésion d'équipe

Le premier piège dans lequel tombent de nombreux organisateurs consiste à sélectionner des activités de team building standardisées sans considération pour la diversité et la singularité de leur équipe. Ces choix par défaut, souvent issus d'un catalogue limité d'options populaires, peuvent sembler attrayants en surface mais s'avèrent fréquemment inadaptés aux besoins spécifiques de votre groupe. L'efficacité d'un team building repose avant tout sur sa capacité à créer un environnement où chaque participant se sent valorisé et inclus, ce qui nécessite une approche personnalisée plutôt que l'application de formules toutes faites.

Le piège des jeux de laser game et paintball pour les équipes diversifiées

Les activités de type laser game ou paintball, bien que populaires, présentent plusieurs inconvénients majeurs dans un contexte professionnel diversifié. Ces jeux, largement basés sur des confrontations physiques simulées, peuvent mettre mal à l'aise les personnes qui ne sont pas attirées par les activités compétitives ou qui présentent des limitations physiques. La dimension martiale de ces animations peut également heurter certaines sensibilités culturelles ou individuelles, créant ainsi un sentiment d'exclusion plutôt que de cohésion.

Par ailleurs, ces activités tendent à favoriser les personnalités naturellement compétitives et physiquement avantagées, renforçant potentiellement les hiérarchies informelles existantes au sein de l'équipe. Les personnes plus réservées, moins athlétiques ou simplement moins à l'aise avec ce type de confrontation peuvent se sentir marginalisées, ce qui va directement à l'encontre des objectifs du team building. Une activité véritablement inclusive devrait permettre à chacun de briller selon ses propres forces et compétences.

Les challenges sportifs excessifs qui créent divisions et frustrations

Les défis sportifs intenses peuvent sembler être un excellent moyen de stimuler l'esprit d'équipe, mais ils comportent des risques significatifs de division et d'exclusion. Un marathon d'entreprise, une course d'obstacles ou une compétition sportive exigeante peuvent rapidement transformer une journée censée être fédératrice en source de frustration pour ceux qui ne peuvent pas participer pleinement en raison de leur condition physique, de leur âge ou simplement de leurs préférences personnelles.

Ces événements peuvent involontairement créer une distinction entre les "performants" et les "non-performants", reproduisant ainsi dans un contexte ludique des dynamiques potentiellement toxiques déjà présentes dans l'environnement de travail. De plus, le risque de blessures n'est pas négligeable, ce qui peut transformer une initiative positive en expérience négative avec des conséquences durables. Un team building réussi devrait proposer des défis accessibles à tous, où la collaboration prime sur la performance individuelle.

Les sessions de karaoké forcées et leur impact sur les introvertis

Le karaoké représente un exemple parfait d'activité qui peut être perçue comme divertissante par certains mais profondément anxiogène par d'autres. Pour les personnalités introverties, qui constituent souvent une proportion significative de l'effectif, l'obligation de se produire en public peut générer un stress considérable. Cette pression sociale peut être particulièrement contre-productive dans un environnement professionnel où l'aisance relationnelle ne devrait pas être confondue avec l'extraversion.

Les activités qui mettent en avant la performance individuelle devant un groupe peuvent involontairement créer une hiérarchie basée sur des compétences sans rapport avec les qualités professionnelles. Une personne brillante dans son domaine d'expertise mais réservée peut ainsi se retrouver dévalorisée aux yeux de ses collègues, ce qui peut affecter sa confiance et sa place dans le groupe. Un team building véritablement inclusif doit proposer des formats où chacun peut participer selon son niveau de confort personnel, sans se sentir jugé ou mis sous pression.

Les activités EVJF/EVG déguisées en team building professionnel

L'erreur consistant à transposer des formats d'enterrements de vie de célibataire dans un contexte professionnel est plus fréquente qu'on ne pourrait le penser. Ces activités, caractérisées par des défis souvent embarrassants ou infantilisants, franchissent régulièrement les limites du professionnalisme et du respect. Les déguisements ridicules, les gages humiliants ou les jeux à connotation sexuelle n'ont pas leur place dans un environnement de travail et peuvent engendrer un profond malaise.

Ces formats créent un cadre où les frontières professionnelles sont brouillées de façon inappropriée, pouvant mener à des comportements regrettables et à des situations de harcèlement. De plus, ils peuvent être particulièrement problématiques dans des équipes culturellement diverses, où les sensibilités et les limites personnelles varient considérablement. Un team building professionnel doit maintenir un équilibre entre détente et respect, permettant aux participants de se découvrir sous un jour nouveau sans compromettre leur dignité ou leur confort.

Le team building idéal est celui qui rassemble sans uniformiser, qui valorise la diversité des participants tout en renforçant leur sentiment d'appartenance à une entité commune.

Les erreurs organisationnelles qui sabotent l'expérience collective

Au-delà du choix des activités, la qualité de l'organisation joue un rôle déterminant dans le succès d'un team building. Des erreurs logistiques apparemment mineures peuvent avoir des répercussions majeures sur l'expérience vécue par les participants et compromettre les objectifs de l'événement. Une planification méthodique, anticipant les besoins spécifiques de chaque membre de l'équipe et les potentiels imprévus, est essentielle pour créer les conditions d'une expérience véritablement positive et enrichissante.

L'organisation d'un team building ne se limite pas à la réservation d'un lieu et d'une activité. Elle implique une réflexion approfondie sur l'accessibilité, les contraintes individuelles, la gestion du temps et l'enchaînement des moments forts. Un événement mal rythmé, des temps morts excessifs ou des transitions chaotiques peuvent générer de l'ennui, de l'impatience ou de la frustration, nuisant ainsi à la dynamique de groupe que l'on cherche précisément à améliorer. La qualité de l'expérience collective dépend donc en grande partie de la fluidité et de la cohérence de son organisation.

La communication défaillante avant le team building

Une communication claire et transparente en amont de l'événement constitue un facteur critique de succès pour tout team building. Trop souvent, les organisateurs négligent cet aspect, entraînant confusion, appréhension ou désengagement chez les participants. L'absence d'informations précises sur la nature des activités, le lieu, la durée ou les objectifs de l'événement peut générer des attentes inappropriées ou des inquiétudes inutiles, compromettant d'emblée l'expérience vécue.

La communication préalable devrait inclure non seulement les aspects pratiques (date, lieu, tenue adaptée, matériel nécessaire), mais également le sens et les objectifs de la démarche. Les participants ont besoin de comprendre pourquoi ils sont invités à participer à ces activités et ce qu'ils peuvent en retirer individuellement et collectivement. Sans cette mise en contexte, le team building risque d'être perçu comme une obligation contraignante plutôt que comme une opportunité d'enrichissement personnel et professionnel.

Par ailleurs, une communication bidirectionnelle permettant aux participants d'exprimer leurs préoccupations ou leurs contraintes spécifiques (limitations physiques, régimes alimentaires, obligations familiales) est essentielle pour garantir l'inclusivité de l'événement. Ignorer ces aspects peut conduire à des situations d'exclusion involontaire qui contredisent fondamentalement l'objectif de cohésion visé. La qualité de l'expérience collective commence donc bien avant l'événement lui-même, dans la manière dont il est présenté et préparé avec l'ensemble des parties prenantes.

Les contraintes logistiques non anticipées (transport, accessibilité, timing)

La logistique constitue souvent le talon d'Achille des événements de team building. Des problèmes apparemment mineurs comme un lieu difficile d'accès, des horaires mal adaptés aux contraintes des participants ou une mauvaise anticipation des conditions météorologiques peuvent compromettre significativement l'expérience. Ces défaillances logistiques ne sont pas simplement des désagréments pratiques : elles peuvent générer du stress, de la frustration et un sentiment de manque de considération qui vont directement à l'encontre des objectifs de cohésion.

L'accessibilité du lieu choisi représente un enjeu particulièrement crucial. Un site magnifique mais difficilement accessible en transports en commun peut créer des inégalités entre les participants motorisés et les autres, ou contraindre certains à des trajets excessivement longs ou coûteux. De même, un lieu non adapté aux personnes à mobilité réduite peut conduire à l'exclusion de facto de certains collaborateurs, envoyant ainsi un message profondément négatif sur la valeur accordée à l'inclusion au sein de l'organisation.

La gestion du timing constitue un autre aspect souvent négligé. Un programme trop dense peut générer de la fatigue et réduire la qualité des interactions, tandis qu'un rythme trop lent peut provoquer de l'ennui et du désengagement. Les temps de pause, les moments informels et les transitions entre activités doivent être soigneusement calibrés pour permettre à la fois la détente et le maintien d'une dynamique positive. Une planification rigoureuse, intégrant des marges pour les imprévus et tenant compte des rythmes naturels d'attention et d'énergie, est donc indispensable au succès de l'événement.

Le manque d'inclusion et ses conséquences sur la dynamique d'équipe

L'inclusion représente un enjeu fondamental pour tout team building efficace. Négliger cet aspect peut transformer un événement censé renforcer la cohésion en une expérience qui accentue les divisions et les exclusions au sein du groupe. Un team building véritablement inclusif doit prendre en compte la diversité des profils, des besoins et des préférences des participants, en évitant les approches uniformisantes qui privilégient implicitement certains groupes au détriment d'autres.

Les barrières à l'inclusion peuvent être multiples : limitations physiques, différences culturelles, contraintes familiales, diversité générationnelle ou particularités neurocognitives. Chacune de ces dimensions doit être considérée dans la conception de l'événement pour éviter que certains participants ne se retrouvent marginalisés ou dans l'incapacité de participer pleinement. Par exemple, une activité nécessitant une endurance physique particulière exclura de facto les personnes ayant des limitations motrices, tandis qu'un événement programmé en soirée pourra poser problème aux parents de jeunes enfants.

Les conséquences d'un manque d'inclusion sur la dynamique d'équipe peuvent être profondément négatives et durables. Les personnes qui se sentent exclues ou insuffisamment considérées peuvent développer un ressentiment qui affectera leurs relations professionnelles bien au-delà de l'événement lui-même. Plus grave encore, un team building non inclusif peut renforcer les stéréotypes et les préjugés existants, créant ainsi l'effet inverse de celui recherché. L'attention portée à l'inclusion n'est donc pas simplement une question d'éthique : elle constitue une condition sine qua non de l'efficacité du team building en tant qu'outil de cohésion.

Type d'exclusion potentielleImpact sur la dynamique d'équipeSolutions inclusives
Physique (mobilité réduite, endurance, etc.)Sentiment d'inadéquation, frustration, isolementActivités adaptables à différents niveaux physiques
Culturelle/religieuse (alcool, nourriture, etc.)Inconfort, impression de non-respect des valeursOptions diverses respectant les particularités culturelles
Cognitive (introversion, neurodiversité)Anxiété, surcharge sensorielle, dévalorisationAlternance d'activités collectives et d'espaces de respiration

Les formats contre-productifs selon la méthode tuckman

La méthode Tuckman, qui décrit les phases de développement d'une équipe (forming, storming, norming, performing, adjourning), offre un cadre précieux pour évaluer la pertinence des activités de team building. Selon ce modèle, chaque équipe traverse des étapes spécifiques de développement, chacune caractérisée par des dynamiques relationnelles et des besoins distincts. Un team building efficace doit s'aligner sur la phase de développement actuelle du groupe, au risque sinon de générer des tensions ou de l'incompréhension.

Les activités de type "ice-breaker" inappropriées pour des équipes matures

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Les activités de type "ice-breaker" sont généralement conçues pour les équipes en phase de formation (forming), lorsque les membres apprennent à se connaître et établissent les premiers liens. Cependant, lorsqu'elles sont imposées à des équipes matures qui ont déjà dépassé ce stade, ces activités peuvent être perçues comme infantilisantes ou superflues. Une équipe qui a atteint la phase de performance (performing) a déjà établi des relations de confiance et des modes de fonctionnement efficaces, rendant les exercices basiques de présentation ou de découverte mutuelle potentiellement contre-productifs.

L'erreur consiste à ne pas adapter le niveau de complexité et de profondeur des activités au degré de maturité relationnelle de l'équipe. Des professionnels expérimentés qui travaillent ensemble depuis longtemps peuvent ressentir de la frustration face à des jeux qu'ils perçoivent comme simplistes ou déconnectés de leurs enjeux réels. Pour ces équipes, des formats plus sophistiqués abordant des questions stratégiques ou des défis complexes seront généralement plus engageants et bénéfiques que de simples exercices de familiarisation.

Un team building efficace pour une équipe mature devrait proposer des activités qui renforcent et approfondissent les relations existantes plutôt que de faire comme si ces relations étaient à construire. Des formats permettant d'explorer de nouvelles facettes des personnalités déjà connues ou de revisiter la vision commune sous un angle inédit seront beaucoup plus pertinents que des jeux de présentation basiques qui ne font que répéter ce que chacun sait déjà.

Les exercices trop compétitifs selon le stade de développement de l'équipe

La compétition peut être un puissant moteur de motivation et de dépassement de soi, mais son utilisation dans le cadre d'un team building doit être soigneusement calibrée en fonction du stade de développement de l'équipe. Selon le modèle de Tuckman, une équipe en phase de "storming", caractérisée par l'émergence de conflits et la négociation des rôles, sera particulièrement vulnérable aux effets potentiellement divisifs d'une compétition mal encadrée.

Introduire des exercices hautement compétitifs au sein d'une équipe qui n'a pas encore établi ses normes de fonctionnement (phase de "norming") peut exacerber les tensions latentes et cristalliser des oppositions qui auraient pu être résolues naturellement. La compétition peut alors renforcer les clivages existants plutôt que de favoriser la cohésion recherchée. À l'inverse, pour une équipe ayant atteint un haut niveau de maturité collaborative (phase de "performing"), un défi compétitif bien conçu peut stimuler positivement la dynamique collective.

L'enjeu réside dans l'équilibre entre compétition et collaboration. Les formats les plus efficaces sont souvent ceux qui intègrent des éléments de compétition au service d'objectifs collaboratifs, où la performance individuelle contribue au succès collectif plutôt que de s'y opposer. Cette approche permet de bénéficier de l'énergie générée par l'esprit de compétition tout en renforçant les liens de solidarité au sein de l'équipe.

Les animations qui ignorent la phase "storming" et créent des tensions latentes

La phase de "storming" dans le modèle de Tuckman correspond à une étape nécessaire où émergent les désaccords, les confrontations de styles et la négociation des rôles au sein d'une équipe. Trop souvent, les organisateurs de team building cherchent à éviter ou à occulter cette phase, privilégiant des activités artificiellement consensuelles qui ne permettent pas l'expression constructive des divergences. Cette approche, bien qu'apparemment plus confortable, peut s'avérer contre-productive à long terme.

En ignorant la réalité des tensions existantes, ces animations créent un cadre artificiel où les participants adoptent une harmonie de façade qui ne résoudra pas les problèmes sous-jacents. Pire encore, certaines activités peuvent involontairement raviver des conflits latents sans offrir le cadre structuré nécessaire pour les traiter constructivement. Le résultat est souvent une apparente réussite de l'événement, suivie d'un rapide retour aux tensions habituelles une fois de retour dans l'environnement professionnel.

Un team building efficace pour une équipe en phase de "storming" devrait au contraire reconnaître les tensions existantes et proposer des formats permettant leur expression canalisée et leur résolution collaborative. Des activités de résolution de problèmes complexes, accompagnées de temps de débriefing encadrés par un facilitateur expérimenté, peuvent transformer ces tensions en opportunités d'apprentissage collectif et d'établissement de nouvelles normes de fonctionnement.

L'absence d'activités réflexives post-événement (phase "adjourning")

La phase d'"adjourning" (conclusion) dans le modèle de Tuckman est souvent négligée dans la conception des team buildings, alors qu'elle représente un moment crucial pour ancrer les apprentissages et préparer l'équipe à réintégrer son environnement professionnel habituel. L'absence d'activités réflexives permettant de faire le pont entre l'expérience vécue et les pratiques quotidiennes limite considérablement l'impact durable de l'événement.

Sans une phase structurée de réflexion collective et d'identification des enseignements à retenir, les participants risquent de percevoir le team building comme une parenthèse agréable mais déconnectée de leur réalité professionnelle. Les émotions positives et les insights générés pendant l'événement se dissipent alors rapidement, sans transformer durablement les comportements ou les modes de collaboration. Cette discontinuité entre l'expérience vécue et le retour au quotidien constitue l'une des principales raisons pour lesquelles de nombreux team buildings échouent à produire des effets à long terme.

Pour maximiser l'impact d'un team building, il est essentiel d'intégrer des moments dédiés à l'analyse réflexive de l'expérience, à l'identification collective des apprentissages clés et à l'élaboration d'engagements concrets pour transposer ces enseignements dans le contexte professionnel. Ces activités ne doivent pas se limiter à la fin de l'événement mais peuvent également inclure des sessions de suivi planifiées à intervalles réguliers pour évaluer les progrès et maintenir la dynamique positive initiée.

L'alignement culturel et les faux pas à éviter

La dimension culturelle d'un team building est souvent sous-estimée, alors qu'elle constitue un facteur déterminant de son succès ou de son échec. L'alignement entre les activités proposées et la culture organisationnelle, les valeurs individuelles et les sensibilités culturelles des participants est essentiel pour créer une expérience authentique et fédératrice. Un décalage dans ce domaine peut générer des sentiments de dissonance cognitive ou d'aliénation qui compromettront l'adhésion des participants et les bénéfices potentiels de l'événement.

La culture n'est pas un concept monolithique : elle englobe à la fois la culture organisationnelle formelle (valeurs affichées, normes explicites) et informelle (pratiques réelles, comportements valorisés), ainsi que les multiples cultures nationales, générationnelles ou professionnelles qui peuvent coexister au sein d'une même équipe. Naviguer dans cette complexité requiert une sensibilité particulière et une connaissance approfondie du groupe concerné, bien au-delà des considérations purement logistiques ou récréatives.

Les animations contradictoires avec les valeurs affichées de l'entreprise

Une incohérence flagrante entre les valeurs officiellement promues par l'organisation et la nature des activités proposées lors d'un team building peut sérieusement compromettre sa crédibilité et son impact. Par exemple, une entreprise qui met en avant la durabilité et la responsabilité environnementale dans sa communication institutionnelle mais organise des activités générant un impact écologique significatif (rallyes motorisés, lâchers de ballons, etc.) crée une dissonance cognitive chez ses collaborateurs.

De même, une organisation qui prône l'inclusion et la diversité mais propose des activités culturellement normatives ou physiquement discriminantes envoie un message contradictoire sur l'authenticité de son engagement. Ces contradictions ne sont pas simplement des maladresses : elles peuvent éroder la confiance des collaborateurs dans la sincérité des valeurs affichées et, par extension, dans le leadership de l'organisation.

Pour éviter ce piège, les organisateurs doivent systématiquement évaluer les activités envisagées à l'aune des valeurs fondamentales de l'entreprise. Cette cohérence axiologique ne se limite pas au contenu des activités mais s'étend également à leur forme, à leur contexte et à la manière dont elles sont présentées et encadrées. Un team building véritablement aligné avec les valeurs de l'organisation les incarnera dans chaque aspect de sa conception et de sa mise en œuvre.

Le décalage entre culture d'entreprise déclarée et activités proposées

Au-delà des valeurs explicites, toute organisation développe une culture implicite qui se manifeste dans les comportements quotidiens, les relations interpersonnelles et les priorités opérationnelles. Un écart significatif entre cette culture vécue et la nature des activités de team building peut générer un sentiment d'inauthenticité ou d'inadéquation chez les participants. Par exemple, imposer des activités hautement collaboratives à une équipe habituellement encouragée à la compétition individuelle créera un contraste déstabilisant plutôt qu'une expérience transformative.

Ce décalage peut prendre diverses formes : une entreprise à la hiérarchie traditionnellement rigide qui organise soudainement des activités promouvant la transgression des normes et l'horizontalité radicale ; une start-up habituellement informelle qui opte pour un format excessivement protocolaire ; ou encore une organisation valorisant l'autonomie qui impose des activités strictement encadrées. Dans tous ces cas, les participants perçoivent une discontinuité qui limite leur engagement et peut générer scepticisme ou cynisme.

L'enjeu n'est pas de reproduire à l'identique la culture existante – un team building peut légitimement viser à la faire évoluer – mais d'assurer une transition progressive et cohérente qui permette aux participants de reconnaître leur environnement habituel tout en explorant de nouvelles perspectives. Cette continuité adaptative est essentielle pour permettre un transfert efficace des apprentissages vers le contexte professionnel quotidien.

Les thématiques potentiellement offensantes selon les méthodes hofstede

Les dimensions culturelles identifiées par Geert Hofstede (distance hiérarchique, individualisme/collectivisme, masculinité/féminité, évitement de l'incertitude, orientation à long terme et indulgence/restriction) fournissent un cadre précieux pour anticiper les sensibilités culturelles potentielles dans un contexte multinational ou multiculturel. Négliger ces différences peut conduire à proposer des activités qui, bien qu'apparemment neutres, heurtent profondément certains participants en raison de leurs références culturelles.

Par exemple, des jeux impliquant une exposition publique ou une prise de risque émotionnel (révélations personnelles, contact physique, expression émotionnelle exacerbée) peuvent être particulièrement inconfortables pour des personnes issues de cultures à fort évitement de l'incertitude ou valorisant la réserve émotionnelle. De même, des activités impliquant une forte mise en compétition individuelle peuvent être perçues comme inappropriées dans des contextes culturels collectivistes, tandis que des formats très hiérarchisés peuvent être mal reçus dans des environnements habituellement égalitaires.

La sensibilité aux différences culturelles ne signifie pas qu'il faille renoncer à toute activité potentiellement challengeante, mais plutôt qu'il convient d'adapter leur présentation, leur cadrage et leur optionalité en fonction de la diversité des participants. Une approche informée par les modèles d'Hofstede permettra d'identifier les zones de sensibilité potentielle et de concevoir des formats suffisamment flexibles pour accommoder diverses orientations culturelles sans exclure ou marginaliser certains participants.

L'usage inapproprié de l'alcool dans les événements d'entreprise

L'intégration d'alcool dans les événements de team building représente un sujet particulièrement délicat qui cristallise de nombreux enjeux culturels, religieux, sanitaires et professionnels. Si les consommations alcoolisées sont parfois perçues comme un facilitateur social permettant de détendre l'atmosphère, leur présence peut également créer des situations d'exclusion, de malaise ou de comportements inappropriés qui compromettent les objectifs de l'événement.

L'alcool peut constituer un facteur d'exclusion pour les personnes abstinentes pour raisons religieuses, sanitaires ou personnelles. Une activité centrée sur la dégustation d'alcool (œnologie, mixologie) ou un événement où la consommation d'alcool est présentée comme incontournable peut générer un sentiment d'aliénation chez ces participants, les plaçant dans la position inconfortable d'avoir à justifier leur non-participation ou à simuler une consommation contre leurs principes ou besoins.

Par ailleurs, la désinhibition liée à l'alcool peut entraîner des comportements problématiques (remarques déplacées, familiarités excessives, transgressions des limites professionnelles) susceptibles de créer des situations de harcèlement ou d'inconfort, particulièrement pour les personnes en position minoritaire ou vulnérable dans l'organisation. Les organisateurs ont une responsabilité éthique et parfois légale concernant les conséquences potentielles de la consommation d'alcool dans un cadre professionnel, ce qui implique une réflexion approfondie sur sa place et son encadrement dans le programme.

Les erreurs budgétaires et d'évaluation du ROI

La dimension financière d'un team building est souvent abordée de manière superficielle, oscillant entre une approche minimaliste qui compromet la qualité de l'expérience et des investissements somptuaires dont la justification économique reste floue. L'absence d'une méthodologie rigoureuse pour évaluer le retour sur investissement (ROI) de ces initiatives constitue un obstacle majeur à leur optimisation et à leur légitimation en tant qu'investissements stratégiques plutôt que comme dépenses discrétionnaires.

La difficulté d'établir un lien causal direct entre les activités de team building et des indicateurs de performance mesurables ne doit pas conduire à renoncer à toute tentative d'évaluation. Des approches plus sophistiquées, intégrant des métriques qualitatives et quantitatives sur différents horizons temporels, peuvent fournir des insights précieux sur l'efficacité relative de différents formats et permettre une allocation plus stratégique des ressources.

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